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Médicaments

Paracétamol : surconsommé, il augmente le risque de maladies cardiovasculaires



Doliprane, Efferalgan ou encore Dafalgan… Ils sont nos alliés contre les douleurs et la fièvre, mais sont-ils vraiment sans danger pour notre santé ? Pas sûr selon une étude britannique qui indique que le paracétamol contenu dans ces médicaments augmenterait les risques d’infarctus et d’ulcère, s’il est pris à haute dose sur une longue période. 

risque paracétamol

Une étude récente révèle que le paracétamol, absorbé à raison de 3 grammes par jour sur une longue période (plus de deux semaines), augmente de 20 % les risques de maladies cardiovasculaires, infarctus et AVC (accident vasculaire-cérébral).
Le paracétamol est présent dans de nombreux médicaments délivrés sans ordonnance. Facile d’accès, cette molécule contenue dans le Doliprane ou encore l’Efferalgan est parfois surconsommée par des patients qui pensent qu'elle ne présente aucun risque. Mais une récente étude publiée dans la revue Annals of the Rheumatic Deseases affirme que cet antalgique expose à des effets secondaires indésirables à long terme s’il est surconsommé.

Gare à la consommation régulière de paracétamol sur une longue période

Pour arriver à ces résultats, les auteurs de l’étude se sont appuyés sur 1 888 essais portant sur la mortalité, les maladies cardiovasculaires, rénales et gastro-intestinales liées à une consommation normale de paracétamol. Parmi elles, les chercheurs de l’université de Leeds n’en ont retenu que huit, qui répertorient les effets indésirables du paracétamol sur le long terme. Les cohortes étudiées ne dépassaient pas la consommation quotidienne de paracétamol recommandée (3 g par jour). En revanche, les participants avaient consommé du paracétamol régulièrement sur une longue période.

La surconsommation de paracétamol augmente de 20% le risque d’AVC

Après analyse des différentes études, les chercheurs se sont aperçus que le paracétamol, absorbé à raison de 3 grammes par jour sur une longue période (plus de deux semaines), augmente de 20 % les risques de maladies cardiovasculaires, infarctus et AVC (accident vasculaire-cérébral).

Chez des patients consommant 3 grammes de paracétamol par jour de façon régulière, le taux de mortalité est augmenté de 63 %. Ces personnes ont également un risque plus élevé de souffrir d’un trouble cardiovasculaire (+ 19%), d’une hémorragie intestinale (+ 11 à 49 %) ou d’une insuffisance rénale.

Une seule étude établit ce lien de cause à effet

L’équipe du Dr Philip Conaghan, qui a dirigé cette étude, estime que ces résultats montrent que "le véritable risque du paracétamol est supérieur à ce que pense actuellement la communauté médicale". Et d’ajouter que "compte tenu de son usage important et du fait qu’il est disponible sans ordonnance, il parait justifié de faire une revue systématique de son efficacité et de sa tolérance dans des pathologies particulières".

Ces résultats sont toutefois à nuancer selon le Pr Jean-Louis Montastruc, pharmacologue à Toulouse : "Cette étude est la seule à établir ce lien de cause à effet, qui n'a jamais, par exemple, été notifié par des médecins au cours de leur pratique. Or, en pharmacovigilance, nous nous appuyons toujours sur un faisceau de preuves", a-t-il déclaré au Figaro.

Le paracétamol peut faire des ravages sur le foie

Une étude* publiée en 2011 dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology, indiquait que le paracétamol pouvait être toxique pour le foie. L'étude portait sur 663 patients hospitalisés pour des lésions hépatiques graves provoquées par le paracétamol. Dans ce groupe, les trois quarts avaient absorbé une dose massive de paracétamol. Le quart restant avait juste ingéré des quantités supérieures aux doses recommandées (3 g par jour) sur les sept derniers jours, principalement pour calmer des douleurs. En France, le paracétamol en surdosage est la première cause de greffe de foie pour hépatite aigüe, avec 70 greffes par an.

Jean-Luc, un homme de 52 ans a dû subir une greffe du foie car il avait consommé du paracétamol tous les jours sur une longue période, pour soulager un mal de dos (Reportage France3).


Sources : 
- Paracetamol: not as safe as we thought? A systematic literature review of observational studies, Philip Conaghan and al, 2 mars 2015, Annals of the Rheumatic Diseases (disponible en ligne).
* Staggered overdose pattern and delay to hospital presentation are associated with adverse outcomes following paracetamol-induced hepatotoxicity, novembre 2011, British Journal of Clinical Pharmacology (disponible en ligne)

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Par quoi remplacer les médicaments pédiatriques retirés de la vente ?


Les médicaments prescrits par les pédiatres sont-ils tous efficaces et utiles ? Fluidifiants bronchiques, sirops contre la toux, traitements du rhume et du reflux gastro-œsophagien : ces classes thérapeutiques ont été réévaluées ces dernières années. Résultat : mieux vaut écarter certains médicaments. 


medicament pédiatrique Chez les nourrissons et les enfants, certains médicaments auparavant autorisés ont été contre-indiqués du fait de leur absence d’intérêt dans la guérison, voire, pour certains, de leurs effets secondaires. Comment faire le tri ? Les réponses de deux experts parisiens de la Société Française de Pédiatrie (SFP), le Dr Bertrand Delaisi, pneumo-pédiatre à l’hôpital Robert Debré, et le Pr Patrick Tounian, chef du service nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l’hôpital Armand Trousseau. 

Les fluidifiants bronchiques contre-indiqués chez l’enfant

QUELLES INDICATIONS ?

Les médecins prescrivaient les fluidifiants bronchiques (Mucomyst ®, Muciclar ®, Rhinathiol ®, etc…) chez les enfants atteints de bronchite, qui traînaient une toux grasse pendant plusieurs semaines, afin de raccourcir la durée de l’infection. Ces médicaments sont utilisés pour rendre les sécrétions bronchiques (ou mucus) plus fluides et donc plus faciles à évacuer. 

QUELS EFFETS SECONDAIRES ?

Depuis avril 2010, ces fluidifiants (acétylcystéine et carbocystéine) sont contre-indiqués chez les nourrissons de moins de 2 ans car ils peuvent parfois avoir l’effet inverse et aggraver un encombrement bronchique (c’est le cas si l’enfant n’arrive pas à évacuer au fur et à mesure des sécrétions devenues plus fluides). Par conséquent, ils ont été déremboursés dans cette tranche d’âges. Chez les enfants de plus de 2 ans (qui arrivent mieux à tousser), ces médicaments restent autorisés.

QUELLES ALTERNATIVES ?

"Pour les toux sans gravité, les mesures d’hygiène sont tout aussi efficaces : proposer souvent à boire à son enfant pour fluidifier les sécrétions bronchiques, ne pas fumer à l’intérieur, effectuer de bons lavages de nez au sérum physiologique", rappelle le Dr Delaisi.

Les sirops contre la toux

QUELLES INDICATIONS ?

Jusque-là, on utilisait les sirops antitussifs (Toplexil ®, Fluisedal ®, Néocodion ®)pour diminuer la toux sèche (souvent augmentée la nuit) chez les nourrissons et les enfants.

QUELS EFFETS SECONDAIRES ?

Depuis mars 2011, certains sirops contre la toux sont contre-indiqués chez les enfants de moins de 2 ans en raison d’effets secondaires potentiels : 

le Néocodion ® contient de très faibles doses de codéine qui peuvent provoquer un effet dépresseur respiratoire ; 
l’Hélicidine ® peut entraîner une aggravation de la gêne respiratoire.
Et surtout, les études montrent que l’ensemble de ces sirops ont un effet antitussif très limité. "Les médecins n’ont pas de médicament miracle contre la toux", insiste le Dr Delaisi.
Par ailleurs, les anti-histaminiques H1 (Atarax ®), autorisés chez les enfants à partir de 30 mois en sirop et à partir de 6 ans en comprimés, et utilisés comme traitement de la toux mais aussi pour certains problèmes de sommeil, sont déconseillés.

QUELLES ALTERNATIVES ?

Les mesures d’hygiène mentionnées précédemment sont valables pour la toux sèche. Vous pouvez aussi humidifier l’air de la chambre de votre enfant (en plaçant un bol d’eau sur le radiateur ou en investissant dans un humidificateur si l’air est très sec chez vous), et éviter de surchauffer les pièces (18-20°C dans la chambre).

Les traitements de la rhinopharyngite

Trois catégories de médicaments sont contre-indiquées chez les enfants atteints de rhinopharyngite :

L’ibuprofène et les autres anti-inflammatoires peuvent avoir des effets indésirables, provoquant notamment une moins bonne défense contre les micro-organismes responsables de l’infection. La meilleure arme pour faire baisser la fièvre et/ou diminuer la douleur : le paracétamol.
Les sprays pour le nez comme le Derinox ® ou l’Aturgyl ®, qui sont prescrits chez les adultes pour déboucher le nez, sont contre-indiqués chez les enfants (risques de maux de tête, d’hypertension et de troubles nerveux). Le Pivalone néomycine ® a été retiré car il contenait de faibles quantités d’antibiotique, ce qui risquait d’augmenter les résistances.
Les suppositoires ou pommades à respirer et à masser à base de terpènes sont déconseillées. Souvent reconnaissables à leur odeur forte (menthol, camphre, etc…), les terpènes peuvent dans certains cas provoquer des convulsions chez les enfants, notamment avant l’âge de 12 ans.
 Bilan, seul les lavages de nez au sérum physiologique sont utiles pour dégager le nez, évacuer les sécrétions et les croûtes nasales qui peuvent gêner l’enfant.

Les traitements du reflux gastro-oesophagien

QUELLES INDICATIONS ?

Le Motilium ® et le Primpéran ® sont prescrits contre les nausées et les vomissements ;  le Mopral ®, lui, vise à  diminuer les sécrétions acides de l’estomac ou reflux (chez les enfants de plus de 1 an seulement).

QUELS EFFETS SECONDAIRES ?

Le Primpéran ® est interdit depuis 2012 chez les moins de 18 ans, en raison d’effets indésirables potentiellement graves sur le plan neurologique et sur le plan cardiaque ; ce médicament pourrait être à l’origine de cas de mort subite du nourrisson.

"Le Motilium ® est toujours prescrit chez l’enfant mais on sait depuis longtemps qu’il est inefficace [il fait actuellement l’objet d’une réévaluation par l’ANSM, ndlr. Voir notre article "Motilium : cet anti-vomitif est-il dangereux ?"]. Enfin, le Mopral ® n’est pas efficace dans toutes les manifestations du reflux ; sa seule véritable indication aujourd’hui est l’œsophagite (inflammation de l’œsophage). Et ses effets indésirables sont aujourd’hui mieux connus : augmentation du risque d’infections digestives et respiratoires, ainsi que du risque d’allergies alimentaires", indique le Pr Tounian.  

QUELLES ALTERNATIVES ?

La première chose est de passer à un lait spécifique anti-régurgitations (dit A/R) ou d’épaissir le lait habituel de l’enfant avec de l’amidon (maïs, tapioca) ou de la graine de caroube. Enfin, certaines mesures de bon sens peuvent diminuer le reflux : essayer de garder un peu le bébé dans les bras (position verticale) après le repas et ne pas le coucher tout de suite.

Sophie Cousin
Créé le 10 mars 2015

Sources :
ANSM : Nouvelles modalités de prise en charge de la toux chez le nourrisson, 28 octobre 2010
Prescrire n°377, mars 2015
"Les morts inattendues des nourrissons de moins de 2 ans-Enquête nationale 2007-2009", Institut de veille sanitaire, Saint Maurice 2011.
Prescrire, étude 2012 "Dompéridone et mort subite"
Entretien avec le Dr Bertrand Delaisi, pneumopédiatre à l’hôpital Robert Debré, et avec le Pr Patrick Tounian, chef du service nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l’hôpital Armand Trousseau, le 5 mars 2015.

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