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EUROPE

En Roumanie, sur les traces des poilus d’Orient






















À l'occasion du déplacement du ministre des Anciens combattants sur le front d'Orient, France 24 vous fait vivre au jour le jour ce voyage mémoriel et commémoratif sur les traces de ces poilus oubliés. Le dernier jour nous conduit en Roumanie.

9 h 45 : Arrivée à Bucarest

Le déplacement du secrétaire d'État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, sur les traces des poilus du front d'Orient se conclut en Roumanie. Durant la Première Guerre mondiale, ce pays a la particularité d'entrer par deux fois en guerre. Le royaume de Ferdinand Ier déclenche d'abord les hostilités en août 1916 contre l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne. Les forces roumaines, épaulées par une mission française d'assistance, multiplient les victoires. Mais lorsque la Russie se retire de la Grande Guerre, la Roumanie se retrouve seule, éloignée de ses alliés et se résigne à signer un armistice en décembre 1917. Quelques mois plus tard, à l'automne 1918, à la toute fin du conflit, sous l'impulsion des Français, le royaume repart en guerre et se place du côté des vainqueurs. Malgré ce conflit en pointillés, le pays a lui aussi payé un lourd tribut avec près de 700 000 morts civils et militaires.

10 h 30 : Rencontre avec les élèves du lycée français

Pour savoir si cette page de l'histoire de la Roumanie est encore présente dans les mémoires, la délégation se rend au lycée français afin de rencontrer des élèves de classe de première. Comme dans tous les pays visités depuis le début de la semaine, le ministre rappelle les liens très forts qui unissent la France avec cette région de l'Europe. Devant une trentaine de jeunes, il raconte notamment que dans sa région, la Moselle, un petite ville appelée Dieuze comporte un cimetière avec des dépouilles de soldats roumains. Ces hommes décédés dans l'est de la France étaient des prisonniers de guerre évacués en Alsace et en Lorraine par les Allemands pendant la Grande Guerre.

Mais la mémoire du front d'Orient est bien vite éclipsée lors de cette rencontre par celle de la Seconde Guerre mondiale. Face au ministre, des vétérans roumains, uniformes impeccables et casquettes rutilantes, sont également présents dans l'assemblée. Avant même que les lycéens ne posent des questions, le président des anciens combattants, le général Marin Dragnea s'empare du micro pour ne plus le lâcher. À 92 ans, ce vieil homme, bardé de décorations, a besoin de parler dans un pays où il dit "ne pas se sentir de reconnaissance envers les vétérans".

D'une voix de stentor, il raconte avoir été blessé lors de la bataille de Stalingrad alors qu'il portait l'uniforme allemand (la Roumanie s'est engagée dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne, avant de passer du côté des Alliés à l'été 1944). Avant d'être fait prisonnier par l'Armée rouge, le jeune cavalier a frôlé la mort, touché par des éclats d'obus. Il n'a eu la vie sauve que grâce à son cheval qui l'a protégé et qui a perdu la vie dans les combats. À la main, il tient fermement une canne qui représente la tête de l'animal et en parle comme s'il s'agissait d'un véritable frère d'armes. Après avoir serré vivement la main du ministre, le général finit par laisser le micro aux élèves, mais ses quelques paroles resteront certainement pour longtemps dans leurs esprits. C'est sous leur regard qu'il repart fièrement dans les couloirs du lycée, suivi au pas et à distance réglementaire par une dizaine d'autres anciens combattants.

À Bucarest, ce sont plusieurs histoires qui s'entremêlent à chaque coin de rue. Notre guide de l'ambassade française, Daniela Midan, nous entraîne dans le passé de son peuple. Après nous avoir montré une statue du plus célèbre des roumains, le prince Vlad Tepes, plus connu sous le nom de Dracula, elle nous fait pénétrer dans des églises orthodoxes fraîchement restaurées. Sur la place de la Révolution, les bâtiments portent des traces plus récentes. Il s'agit d'impacts de balles qui témoignent de ces journées de décembre 1989, lors desquelles le peuple a renversé le couple Ceaucescu. Mais le souvenir le plus visible de la dictature roumaine est sans conteste l'ancien Palais du peuple, bâtiment pharaonique, symbole de la mégalomanie des Ceauscescu et deuxième enceinte administrative la plus vaste du monde, derrière le Pentagone.

Pour enfin découvrir des traces du front d'Orient dans la capitale roumaine, il faut se rendre dans le cimetière français de la ville. Il est situé dans celui de Bellu, l'un des cimetières les plus importants de Roumanie. Dans un coin de cet immense espace funéraire, s'alignent 136 tombes de soldats tués lors de la Première Guerre mondiale. Les tombes étaient autrefois marquées par des épées plantées dans le sol, mais elles ont été remplacées en 2014, lors d'une rénovation pour le centenaire, par des croix blanches immaculées. Ici, contrairement aux cimetières visités en Grèce, en Macédoine ou en Serbie, les poilus musulmans ont un carré qui leur est réservé. Au-dessus des tombes se dresse un coq de bronze, qui semble veiller sur ces soldats. Pour la venue du ministre, des militaires roumains en uniformes d'apparat portent les différentes gerbes de la délégation. L'une d'entre elles est déposée par le général Dragnea. Comme au lycée français, le vieil officier inspire le respect. Sa canne en tête de cheval à la main, il rend hommage aux poilus du front d'Orient au nom de tous les vétérans roumains.

Jean-Marc Todeschini et les parlementaires se rendent ensuite à quelques kilomètres de là, dans le parc Cişmigiu, le plus emblématique et le plus vieux de Bucarest. Entre deux rangées d'arbres et de bancs publics se dresse un monument aux Français. Dans un style moins militariste que d'habitude, il montre une femme tenant dans ses bras un poilu blessé aux combats. Tendrement, elle lui dépose un baiser sur le front. Sur fond de coucher de soleil, ce dernier dépôt de gerbe clôture le déplacement ministériel. Ce monument symbolise finalement parfaitement ces quatre jours sur les traces des poilus du front d'Orient. Il représente la souffrance des soldats qui se sont battus si loin de leur pays, mais aussi les liens si forts qui se sont créés entre cette partie de l'Europe et la France. Lors de son inauguration en 1922, le général français Henri Berthelot, qui était entré victorieusement dans Bucarest en décembre 1918, avait résumé en quelques mots la portée de cet édifice : "Amis des mauvais jours, amis des jours de fête : c'est bien cela que nous sommes […] et c’est bien cela que ce monument signifie".

Dans l'avion qui le reconduit à Paris, Jean-Marc Todeschini souffle un peu après ce marathon de cimetières, de sonneries aux morts et de dépôts de gerbes. Il se félicite de ce voyage sur les traces méconnues des soldats français sur le front d'Orient : "On a eu une bonne ambiance dans chaque pays où nous sommes allés". Le ministre sait pourtant que ce type d'événements est loin d'être suffisant pour sauver cette mémoire. Comme il l'a montré en se rendant à plusieurs reprises auprès d'élèves, il mise surtout sur la transmission aux futures générations. "S'il n'y a pas quelqu'un dans les familles, comme vous, pour rappeler qu'il y a eu un aïeul sur le front d'Orient, cela reste oublié", me glisse-t-il avec un clin d'œil au sujet de mes recherches sur mon arrière-grand-oncle mort en Macédoine. "Les commémorations aux monuments aux morts, cela n'intéresse pas les jeunes. Il leur faut du vivant et du culturel. Il faut qu'il y ait un film romancé comme 'Capitaine Conan' [un film de 1996, de Bertrand Tavernier inspiré du roman historique de Roger Vercel, NDLR] pour intéresser les gens parce que la Première Guerre mondiale est trop loin. Pour la Seconde Guerre mondiale, c'est plus simple, il y a encore des survivants, des déportés, des résistants, même si ce sont les derniers".

En cette deuxième année du centenaire, le ministre n'a en tout cas pas fini d'arpenter les champs de bataille de la Grande Guerre. Plusieurs rendez-vous sont déjà inscrits à son agenda comme les commémorations de la bataille des Dardanelles le 25 avril, de l'entrée en guerre de l'Italie, le 23 mai, ou encore des combats de Champagne en septembre. "Je suis prêt à passer des heures avec les élèves !", explique-t-il avec enthousiasme. "Mais vous êtes aussi là pour ça, les journalistes. Vous êtes des vecteurs de transmission." Pas besoin de me convaincre. J'ai déjà assimilé ce message depuis un petit moment, bien avant ce voyage ministériel. En Orient ou ailleurs, je ne suis pas non plus près de lâcher nos poilus.

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La justice irlandaise rend temporairement plusieurs drogues dures légales























Le possession d'une centaine de drogues dures a été rendue légale en Irlande par une décision de justice. Une situation qui ne devrait pas durer : le Parlement a adopté en urgence une loi, qui doit entrer en vigueur jeudi, pour corriger le tir.

Champignons hallucinogènes, "crystal meth", ecstasy : depuis mardi 10 mars, la possession de ces drogues dures, comme une centaine d'autres stupéfiants, est autorisée en Irlande. La décision de la Cour d'appel d'Irlande a provoqué un vent de panique politique.

Le Parlement s'est, en effet, réuni en urgence mardi soir, pour adopter un texte qui vient corriger cette situation. Il devrait entrer en vigueur jeudi 12 mars. C'est donc une parenthèse de plus de 24 heures dont vont bénéficier les revendeurs de toutes les drogues interdites depuis 1977, ce qui exclut l'héroïne, le cannabis ou encore la cocaïne.

Interdiction inconstitutionnelle

Un imbroglio judiciaire dû à l'action en justice de Stanislav Bederev, un résident d'origine lituanienne, qui avait été condamné pour possession de methylethcathinone, une drogue de synthèse aussi appelée 4-Mec, avec intention de la revendre.

Problème : la Cour d'appel a jugé que la loi qui interdisait de détenir cettre drogue était inconstitutionnelle. En effet, ce stupéfiant avait été inscrit sur la liste des substances illicites par le gouvernement en 2010. Les juges ont estimé que l'interdiction d'un produit en particulier devait d'abord être validée par le Parlement et ne pouvait être le simple fait de l'exécutif.

Si tout devrait, légalement, rentrer dans l'ordre jeudi grâce à la nouvelle loi, la justice irlandaise risque d'entendre parler pendant quelques temps encore de cette décision. Des centaines de condamnations pour possession de drogues pourraient être rééxaminées à la lumière du verdict de la Cour d'appel.

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